La naissance d’un bijou
Un peu comme lorsque Vénus sort de sa coquille, j’aime connaître l’origine des choses, leur genèse, l’histoire de leur création… C’est l’occasion pour moi de me pencher sur les professions de la joaillerie, pour la plupart inconnues du grand public.
Du dessin à la maquette, en passant par la sortie de fonte, le sertissage, le polissage ou les finitions spécifiques, chaque bijou prend vie à la suite d’une succession de manipulations. Des détails précieux et agréables à connaître pour se sentir plus proche du bijou et comprendre comment il a été fait.
Design
C’est souvent le premier à intervenir. Il a toujours l’esprit en alerte et un carnet à portée de main. Selon un cahier des charges précis, le bijou est d’abord « croqué » avant de se voir coloré au feutre ou selon la technique joaillière du « gouaché »: une peinture le plus souvent à l’échelle et qui laisse apparaître chaque détail du futur bijou. C’est une technique qui permet de visualiser au mieux le bijou à produire et qui sera complétée généralement par différentes vues du bijou en dessins techniques ou 3D, marquant les mesures, pierres et métaux choisis. Mais il ne suffit pas de savoir dessiner pour créer des bijoux, encore faut-il connaître les matériaux et les pierres pour prévoir leur faisabilité.
Prototypage
C’est à partir d’un dessin, ou parfois d’une pierre et de quelques indications, que le sculpteur ou prototypiste, joaillier de formation, ébauche un sujet en pâte à modeler puis façonne un prototype en cire (le plus souvent, mais il peut aussi être en métal). Très malléable, cette matière permet d’obtenir un volume certain et offre un raccourci aux techniques d’emboutissage. Le sculpteur utilise les mêmes outils que ses confrères : burins, fraises, limes, pinces, fer à souder… Il prend appui sur de la documentation, des dessins, des photos pour créer un proto au plus proche de la réalité. Le modelage d’une pièce nécessite parfois plus d’une semaine de travail. Tous les prototypes sont validés avec minutie, aucun défaut n’est toléré.
Une fois la forme coulée dans l’or, le sculpteur la « nettoie » et fait sortir le métal. Il peaufine et cisèle la pièce de manière plus ou moins appuyée afin de faire apparaître des détails infimes que la cire, trop fragile, ne permettait pas de sculpter : c’est la « reprise de fonte ». A l’issue de cette étape, la pièce est prête pour les étapes suivantes de la création.
Choix des pierres
Le préparateur de pierres prend le relais. Son rôle : rechercher, vérifier, sélectionner les pierres qui serviront à sertir un bijou. Nuances, dimensions des gemmes, tout est défini en amont. Bien souvent, les pierres ne seront pas exactement au format attendu par le sertisseur. C’est là que le lapidaire entre en jeu.
Taille des pierres
Quelle responsabilité que celle du lapidaire à qui l’on confie une émeraude à tailler ! Chargé d’amplifier au maximum la beauté des pierres qui lui sont confiées, le lapidaire doit aussi faire en sorte de gommer les défauts et d’adapter les pierres au bijou auquel elles sont destinées. Pour travailler une pierre, il colle une tige en métal avec un peu de ciment chauffé, il approche ensuite son outil de la calibreuse, une machine composée d’une meule en cuivre incrustée de diamants. Minutieusement, il le met en contact du disque qui tourne à pleine vitesse et donne à la pierre son calibrage. Le facettage ne vient qu’ensuite, c’est là que commence la taille à proprement parler. Chaque facette sera enfin polie pour réfléchir au mieux la lumière. A chaque forme de pierre correspond un nombre de facettes bien précis. Par exemple, la taille brillant en dénombre 57, quelle que soit la dimension finale du brillant. Je trouve ça incroyable, et je me demande vraiment comment le lapidaire parvient à créer 57 facettes différentes dans des diamants parfois très petits…
Juste avant d’être serti (afin d’éviter toute casse lors du choc du poinçonnage), le bijou est poinçonné par un service de douanes agréé. Marqué d’un poinçon d’état comme la tête d’aigle pour les bijoux en or mais aussi d’un poinçon de maître ou poinçon du fabricant, signature de l’artisan; le bijou portera ainsi pour toujours la griffe de son état précieux.
Sertissage
Quand les pierres ont fini d’être préparées et que le bijou est poinçonné, le sertisseur entre en scène pour les réunir en une pièce de haute joaillerie. En récupérant la bague « reprise » par le joaillier, il peut ainsi sertir dans les emplacements prévus à cet effet depuis la maquette, les pierres présentes sur le dessin de base du bijou. Son talent se mesure à son ingéniosité pour sertir l’inaccessible, à ses inventions de nouveaux types de sertis pour mettre toujours plus à l’honneur la pierre en faisant disparaître le métal. Le sertisseur travaille teinte par teinte, diamètre par diamètre, un microscope est indispensable pour ce travail de fourmi. Les bijoux sont souvent longs à sertir car les pierres peuvent être minuscules, mais surtout très fragiles, comme les tsavorites et les émeraudes. Selon le type de création, le sertisseur optera pour un serti clos, un serti griffe, un massé ou un pavage pour bel effet de masse; de nombreuses techniques qui s’adaptent à chaque pierre et chaque bijou pour un rendu toujours étudié au plus juste.
Polissage
Enfin, ultime étape du bijou, le polissage complété parfois par un rhodiage blanc pour les bijoux en or blanc ou même un rhodiage noir très tendance en petite joaillerie, rend le bijou net et brillant, pour finir de créer un véritable joyau qui trouvera place avec élégance au sein de son écrin.
Voilà, j’espère que vous y voyez plus clair ! Bien sûr, c’est une synthèse qui mériterait d’être bien plus détaillée pour consacrer du temps à chacune de ces magnifiques spécialités de la joaillerie… Ce sera pour un prochain article !
D’ici là, bonne semaine à tous ; )
xxx
© Sources et crédits photos : Belancy.com, Boucheron, Bijouterie Formation, Compagnie des gemmes, Chopard
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