Rencontre avec Perrine Lipari, créatrice des bijoux éponymes

Aujourd’hui, j’avais envie de vous parler du travail d’une jeune créatrice, Perrine Lipari, découverte sur Instagram (encore). J’ai tout de suite aimé ses bijoux, à la fois bruts et poétiques. À vrai dire, j’ai trouvé son travail déjà tellement intéressant que je n’avais pas compris qu’elle venait de se lancer !

Perrine confectionne tous ses petits trésors elle-même, dans son atelier, du premier dessin jusqu’au dernier coup de lime. Seule la dorure est confiée à un doreur parisien. Ses bijoux sont déclinés le plus souvent en pièces uniques ou petites séries, et sont pleins d’émotions, à l’image de mon jonc Nuit Étoilée ♡

Perrine, peux-tu me parler de ton parcours ? Comment es-tu devenue créatrice de bijoux ? Déjà petite, j’étais de nature créative : assez solitaire, j’étais tournée vers mon monde intérieur plutôt que vers les autres, et je passais beaucoup de temps à dessiner ce qui passait par mon imagination. Cet aspect de ma personnalité s’est développé tout au long de mon adolescence, et j’ai eu mon premier « émoi bijou » au lycée, devant une collection Haute-Couture de Givenchy (Printemps-Eté 2012). J’ai été fascinée par ces boucles d’oreilles extra-larges et ces piercings sombres et punks mais tellement délicats. C’est là que l’idée de faire des bijoux m’a effleurée pour la première fois ! Après mon bac, j’ai fait une mise à niveau en arts appliqués (MANAA) à Nîmes, une année riche en expérimentations pendant laquelle mon désir de concevoir des bijoux s’est confirmé. Je suis donc montée à Paris faire une école de bijouterie contemporaine, où j’ai découvert la joie de matérialiser mes idées à partir d’un bout de métal. Après un stage dans la Haute-Couture, où j’ai réalisé les bijoux de la collection, mon histoire d’amour avec le bijou s’est enfin concrétisée en 2017 lorsque je me suis mise à mon compte, poussée par l’envie de faire mes propres créations.

Comment décrirais-tu le style de tes créations ? J’aime à croire que mes créations sont intemporelles et singulières avec une pointe de poésie. Elles sont tantôt délicates et sensibles, tantôt brutes. J’aime qu’on voit leur côté artisanal, parfois imparfait, car elles sont réalisées entièrement à la main.

Où peut-on les voir « en vrai » ? Pour le moment, je n’ai pas encore de point de vente physique, mais je participe régulièrement à des évènements éphémères en région parisienne et ailleurs. J’espère être bientôt diffusée dans des boutiques de créateurs dans le Sud de la France.

Pourquoi avoir choisi de donner ton nom à ta marque ? J’ai choisi de créer une marque éponyme, non par manque d’inspiration, mais parce-que j’entretiens un rapport vraiment intime avec mes bijoux. C’est peut-être un peu naïf, mais je considère que mes créations sont des petits bouts de moi ! C’était aussi une manière de valoriser mon savoir-faire : étant donné que je réalise mes bijoux de A à Z, il me paraissait naturel de garder mon nom.

Quelle est ton étape préférée de la fabrication d’un bijou ? La création bien sûr ! C’est souvent le soir, voire pendant la nuit, que je crée de nouvelles pièces. J’aime travailler de manière intuitive : parfois je sais précisément ce que je veux faire, mais bien souvent, je m’installe à mon établi sans idée précise, en écoutant de la musique, et je laisse la magie opérer ! Quelques heures plus tard, d’un simple bout de laiton, le bijou naît de lui-même…

Quelle est ta journée type ? Cela dépend d’où je suis ! Quand je suis à Paris, j’enchaîne les visites chez les fournisseurs et à la dorure, j’organise des séances photo, et je prends le temps de m’occuper de toute la partie communication. Je fais également tout ce qui est montage des bijoux. J’amène aussi un bout d’atelier (une cheville de bijoutier portative), ce qui me permet de travailler n’importe où… Et au besoin je travaille chez une amie bijoutière. Quand je suis dans le Sud, je ne quitte pas mon établi, pour produire un maximum de bijoux, mais aussi réaliser des pièces sur mesure à la demande des clients.

Ton premier souvenir de bijou ? Je me rappelle d’une paire de minuscules boucles d’oreilles cerises, que ma mère m’avait offertes pour mes 5 ans, lorsque je me suis fait percer les oreilles. Depuis toute petite, je voulais me faire percer les oreilles, et mes parents m’avaient demandé d’attendre mes 5 ans. Le jour J, j’ai fait un caprice pour que l’on m’emmène immédiatement le faire, alors que c’était un dimanche… J’ai dû patienter un peu !

Ton bijou fétiche ? C’est un collier avec pleins de breloques et pompons de couleur que j’ai confectionné juste après ma Manaa lors d’un stage chez Gas bijoux. Le premier jour de stage j’ai eu le droit de créer mon propre bijou avec un libre accès à l’atelier qui est rempli de trésors colorés, une vraie caverne d’Ali Baba ! Il est cher à mon coeur car c’est le tout premier bijou que j’ai réalisé. 

Ta pierre précieuse/fine préférée ? La labradorite est ma petite chouchoute ! Elle a la particularité de présenter de jolis reflets bleutés. Je ne suis pas une inconditionnelle des pierres précieuses, je leur préfère largement les cristaux de roche brutes, les quartz rose et les morceaux de géodes que je collectionne. 

Tes marques ou créateurs préférés ? Je porte un intérêt particulier pour les petits créateurs qui mettent en avant l’artisanat plutôt que les grandes marques. J’adore les univers poétiques de Marine Bossu, Stories in the Fog et Alix Loca qui sont toutes trois des jeunes créatrices françaises. 

Tes bonnes adresses de shopping bijoux ? Principalement Etsy, idéal pour trouver des créateurs talentueux et cosmopolites. À Paris les boutiques Les Fleurs, Klin d’oeil et le concept store Empreintes qui a un très bel espace bijoux, pas forcément pour acheter mais pour le plaisir des yeux !

Le bijou de tes rêves ? Sans doute celui que j’inventerai demain !

Ta citation mantra ? « La créativité c’est l’intelligence qui s’amuse », une citation d’Einstein qui résonne bien dans mon travail.

Un endroit pour t’évader ? J’ai la chance d’avoir déjà une forte tendance à m’évader dans ma tête, où que je sois ! 

Ta plus grande source d’inspiration ? Les femmes en général, puisque c’est pour elles que je crée des bijoux, mais aussi certains artistes qui m’inspirent par leur démarche artistique et pas seulement par leurs œuvres. Je pense par exemple à Louise Bourgeois, Egon Schiele, Helmut Newton… En ce moment, je suis fascinée par la culture visuelle des drag-queens, en particulier Sasha Velour, pour son drag avant-gardiste.

Le mot « bright » de la fin : The future is female !

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PERRINE LIPARI –  Eshop / Instagram

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Un grand merci Perrine pour cette belle interview, pleine de poésie, à l’image de tes bijoux ♥

Photos © Perrine Lipari