Pourquoi la création de bijoux est-elle tendance ?

Hello ! Je vous retrouve aujourd’hui pour discuter d’un vaste sujet : l’essor de la création de bijoux. Vous avez dû le remarquer, ici ou ailleurs, les créateurs de bijoux sont légion, et la bijouterie-joaillerie suscite bien des vocations. Effet de mode ou tendance durable ? C’est avec grand plaisir que laisse la parole à Mélanie, créatrice de bijoux et auteure d’un blog spécialisé, pour aborder en détails cette question. Nous réitèrerons certainement l’expérience si ce genre d’article vous plaît !  Bonne lecture…

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Bonjour, je suis Mélanie, passionnée de bijoux comme Pauline, à tel point que j’en ai fait mon métier depuis quelques années en créant ma marque Oh La La ! alors que rien ne m’y prédestinait. Et aujourd’hui, toujours animée par cette passion, je tiens un blog entièrement dédié à ce fabuleux métier artisanal.

Lorsque je me suis lancée, en 2010, le marché de la création en bijoux fantaisie était loin d’être aussi rempli qu’aujourd’hui. J’étais alors fascinée par ces nouvelles créatrices émergentes que je découvrais au fil de mes pérégrinations parisiennes. Je n’avais jusqu’alors pas imaginé que l’on puisse faire d’autres bijoux que les « classiques » des bijouteries de quartier. Depuis, les créateurs de bijoux sont nombreux, et la bijouterie « fantaisie » n’a plus à rougir devant ses amies de la joaillerie de luxe. (Le terme de fantaisie regroupe à peu près tout ce qui n’est pas l’or, le platine ou la pierre précieuse. Si vous voulez en savoir plus, je vous invite à lire mon article sur le sujet).

Alors quelles sont les raisons de l’éclosion de ce nouveau métier, créateur de bijoux ? Pourquoi y a-t-il tant de nouvelles vocations ?

> Parce que le métier et les styles ont évolués

Durant des milliers d’année, bijoutier-joaillier était un métier particulier, avec un savoir-faire qui était uniquement transmis dans la cellule familiale – bien souvent de père en fils. C’était un métier « secret », où la transmission n’était pas si aisée. Un bijoutier ne divulgue pas ses connaissances, je ne sais pas pourquoi, mais c’est encore un peu comme ça de nos jours… Heureusement cela est en train de changer.

Les modèles proposés ont eux aussi évolué. Pour ma part, j’ai longtemps vu la bijouterie comme ces boutiques un peu poussiéreuses, remplies de montres et d’alliances bardées de pierres, avec un vieux monsieur caché derrière son comptoir, une loupe binoculaire coincée dans l’œil. Cliché, non ? Dans mon esprit, le bijou s’arrêtait là. La petite bague en or, les puces d’oreille en argent, la gourmette de baptême.

D’un autre côté, avec l’arrivée de la fast fashion s’est développé le bijou ultra-fantaisie, celui auquel on prêtera aisément le qualificatif de « toc », celui qui gratte les oreilles et perd ses petites perles.

Mais depuis quelques décennies, la mode a changé, évolué. Les styles varient, on s’ouvre à d’autres matières, d’autres techniques. Je ne vous parlerai pas ici de mondialisation, d’évolution des mœurs, de développement des réseaux sociaux, d’influence des médias… c’est sûrement dû à un peu de tout ça. Toujours est-il que l’on a commencé à voir fleurir – et à apprécier – des bijoux différents. Un vent de modernité a soufflé, et souffle encore. Des bijoux en bois, d’autres en verre ou même en plume. Des styles gothiques, ou bien romantiques. Des bijoux simples ou surchargés. Chez les créateurs comme chez les consommateurs, chacun peut y trouver son compte désormais. En témoigne l’existence de ce blog, Bright Pause, où les créateurs de bijoux ont la part belle et où vous n’en trouverez pas deux qui ont la même signature.

> Parce qu’on recherche l’épanouissement

Ce n’est pas pour rien que le fait-main gagne autant de terrain. Le « handmade » est devenu une source d’expression créative, presque artistique, qui permet à beaucoup de personnes de se réaliser. Que cela reste à l’état de hobby où que l’on désire en faire son gagne-pain, il est indéniable que de nos jours, le travail en entreprise en pousse plus d’un à se tourner vers plus de « concret ». Créer, fabriquer de ses mains, est une forme de thérapie, dans nos temps où les burn-out vont bon train. Et la bijouterie fait partie de ces métiers manuels tellement satisfaisants !

> Parce que les démarches sont aujourd’hui facilitées

Depuis quelques années, le gouvernement français propose le statut d’auto-entrepreneur, aubaine pour tout créateur hésitant qui voudrait se lancer. Des démarches facilitées, une comptabilité… empirique. Une rapidité administrative assez invraisemblable pour le pays (j’ai eu mon statut en 2 clics…) et le tour est joué, on peut vendre ses créations. Et même si aujourd’hui il a un peu évolué, cela reste un statut qui rend les choses possibles à tous ceux qui n’oseraient pas se lancer et créer une « vraie » entreprise. Personnellement, j’ai pu lancer et tester mes premières créations tout en conservant mon travail salarié à temps plein puis à mi-temps. Je ne sais pas si je serais parvenue là où j’en suis sans ce statut, je dois l’avouer. Il n’est pas idéal mais il a le mérite de mettre un pied à l’étrier.

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> Parce que les sources d’approvisionnement et d’apprentissage sont à portée de main.

La multiplication des fournisseurs aide également énormément les créateurs aujourd’hui. Plus besoin d’avoir une carte pro ou un statut particulier pour s’approvisionner en apprêts, en perles ou en métal – métaux précieux mis à part bien entendu. On trouve de tout sur internet de nos jours, à tous les prix. Les pierres semi-précieuses sont aujourd’hui accessibles au grand public, de même que les apprêts bon marché. Dans toutes les grandes villes aujourd’hui on peut trouver des fournisseurs de métal, laiton, argent, d’apprêts. Le quartier du temple à Paris porte bien son nom. C’est une véritable caverne d’Ali Baba si l’on n’est pas trop regardant sur la provenance et la qualité du matériel.

Et pour la formation, là aussi c’est une explosion des savoirs : entre les livres sur le sujet, les vidéos Youtube, les forums d’entraide et les sites internet détaillés (comme le mien 😉) il est désormais possible de se former en tant que grand débutant en bijouterie. L’expérience, la rigueur et la persévérance feront ensuite la différence pour qui veut s’améliorer ou se spécialiser. De plus en plus de créateurs autodidactes osent sortir des rangs de l’école et se former autrement.

> Parce que les circuits de vente se diversifient

Maintenant qu’il est possible de savoir fabriquer des bijoux, aussi faut-il pouvoir les vendre. Et là aussi, tout concorde : la clientèle est là et les circuits de vente aussi ! Les bijoux sont sortis de leur petite boutique poussiéreuse pour venir se faire une beauté dans des ventes de créateurs, boutiques éphémère, ventes privées à domicile ou encore plateformes en ligne internet… Il n’est même pas nécessaire d’avoir une immatriculation professionnelle pour ouvrir une petite boutique Etsy. Créer son site de vente en ligne est aujourd’hui tellement facile avec les solutions clés en mains (Bigcartel, Squarespace, Wix etc…). Les boutique multi-créateurs fleurissent dans toutes les villes. Et si ces circuits de vente sont là, c’est qu’il y a une clientèle derrière. Tous les goûts sont dans la nature, et les moyens d’atteindre sa cible sont nombreux.

> Parce qu’il y a de la place pour tous…

Les créateurs de bijoux fleurissent de partout, alors le marché n’est-il pas saturé ? C’est vrai qu’il faut un peu jouer des coudes aujourd’hui pour se faire une place. Pourtant mon avis est que oui, il reste de la place, surtout pour des créations très spécialisées, avec un parti pris très prononcé, ou avec une cible très précise, voire de « niche ». Vouloir rester dans la tendance, très généraliste, c’est souvent se voir étouffé non pas par un concurrent lui aussi créateur, mais par les grandes enseignes qui, elles, auront pignon sur rue et de l’argent sur la table pour se promouvoir. Il faut savoir se remettre en question et orienter son projet comme un chef d’entreprise, maîtriser plusieurs domaines au-delà de la « simple » fabrication de bijoux. Mais si vous êtes prêts à mener votre barque en tant qu’entrepreneur(se) alors lancez-vous, la mer est grande, les vagues sont nombreuses, mais retenez surtout que c’est le chemin qui est beau. Prenez beaucoup de plaisir à ce que vous faites, le reste suivra !

Merci à Pauline de m’avoir laissé une tribune sur son blog que j’affectionne tant. En espérant avoir encouragé ou motivé plusieurs d’entre vous 😉

Alors ça vous a plu ? Un grand merci à Mélanie pour cet article de fond qui n’arrange en rien mon envie profondément enfouie de créer un jour ma propre marque de bijoux !

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Photos © Apprendre la bijouterie